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De la tribu aux paillettes et retour.

De la tribu aux paillettes et retour : des origines tribales du costume de danse orientale au cabaret et du cabaret à l’American Tribal.


Les Ghawazhee


Chaque pays, de l’Inde au Maroc, ont des danses traditionnelles et folkloriques, aussi bien dansées par les hommes et les femmes. Souvent en robe, les hanches soulignées par un foulard, plus ou moins décorées suivant les régions. Influencées par les mouvements migratoires, (souvent Tziganes de la tribu des Nawar qui vont aller de l’est à l’ouest puis vers le nord) et les caprices de l’histoire, quelques courants finissent par se détacher du lot :

  • le raqs baladi égyptien, (puis le raqs sharqi a partir du début du 20ieme siècle.)

  • Oryantal dansı turc, fortement influencé par la danse indienne dès le moyen âge.

  • le Khaleegy saoudien

  • le Shikhat marocain.

Les danses et ses costumes sont découverts en Europe par l’engouement orientaliste de Napoléon. La campagne d’Egypte au 18ieme siècle sera le point de départ de cette présentation. Donc, Napoléon va en Egypte avec ses soldats et les soldats vont voir les filles à soldats et les filles à soldat dansent… Ce sont des Gawazhee, notre tribu de nomade Tzigane,


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A cette époque, Le Ghawazhee a été présenté dans les rues. Le mouvement rapide de la hanche et l’utilisation de cymbales à doigts en laiton et de castagnettes à main ont caractérisé leur danse. Les musiciens de leur tribu les accompagnaient habituellement dans leur danse. Ils portaient habituellement du khôl autour des yeux et du henné sur les doigts, les paumes, les orteils et les pieds. Selon Lane, ces femmes étaient «les plus abandonnées des courtisanes de l’Egypte».

Il les décrit comme étant très beaux et richement habillés.

Les Ghawazhee se produisaient dans la cour d’une maison, ou dans la rue, devant la porte, à certaines occasions de fête dans le harem . Ils n’étaient jamais admis dans un harem respectable, mais étaient souvent engagés pour divertir un groupe d’hommes. Les femmes et les hommes ont apprécié leur divertissement. Cependant, beaucoup de gens qui étaient plus religieux, ou des classes supérieures, les désapprouvaient.

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Beaucoup de gens ont aimé la danse du Ghawazhee, mais ils ont trouvé que c’était inapproprié parce qu’elle était dansée par des femmes qui ne devaient pas s’exposer de cette manière. Pour cette raison, il y avait un petit nombre de jeunes artistes masculins appelés Khawals . Les Khawals étaient des Égyptiens qui personnifiaient les femmes des Ghawazhee et leur danse. Ils étaient connus pour imiter tous les aspects des femmes, y compris leur danse et l’utilisation de castagnettes.








Un khawal (danseur) vêtu d’un costume de danse ghaziya (vers 1870).


Mais il n’y a pas qu’eux qui dansent, il y a aussi les Almées

Ce sont des femmes éduquées pour chanter et réciter la poésie classique et pour parler spirituellement, reliées aux chanteurs d’esclaves qayna. C’étaient des filles éduquées de bonne réputation sociale, formées à la danse, au chant et à la poésie, présentes dans les festivals et les divertissements et engagées comme pleureuses aux funérailles.


Le 19ieme siècle, l’orientalisme et l’exposition universelle de Chicago.


En 1834, les ghawazhee ont été bannis du Caire en Haute Egypte par Muhammad Ali . Typiquement, les Ghawazhee sont représentés comme Dom ou Gitans , avec une attention particulière à leurs styles de musique et de danse, avec des mizmars et des lignes de basse lourdes. [4]Ils sont également à l’origine du mot gypsy, gitan… bref, égyptien quoi.


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À partir de la première moitié du XIXe siècle, les descriptions et les représentations des danseurs ghawazhee devinrent célèbres dans l’orientalisme européen, et le style fut décrit comme la danse de ventre ou la danse du ventre des années 1860.

Durant tout le siècle, les peintres orientalistes nous font rêvés avec des représentations de danseuses en costume, parfois réalistes, mais le plus souvent fantasmés.


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Mais le monde change et ce ne sont plus les européens qui vont voir les danseuses en Egypte, mais les danseuses qui partent à la conquête du monde.

La première étape est l’exposition universelle de Chicago.

Petit rappel contextuel : fin du 19ième siècle aux Etats Unis, c’est toujours corset et ombrelle.

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Et voilà que débarque quelques danseuses sexy en top et en pantalon large ou en jupe évasée mi mollet avec un petit gilet, qui dansent toutes sous le même pseudonyme qui paie bien, Little Egypt. Trop bien… ou pas. En fait, ça ne le fait pas vraiment, les gens sont outrés. La danse orientale est moquée en terme de “danse de l’estomac” (stomac danse) ou “danse du ventre” (belly dance). D’origine complètement raciste, c’est pourtant cette appellation qui va rester, surtout en anglais.

L’expo se passe et une tournée s’enchaîne, un mini film d’Edison que vous pouvez voir sur Youtube. La première Little Egypt meure, les autres continuent sous le même nom, elle devient éternelle, mais c’est le début de la deuxième partie…



Le cabaret, des États-Unis au Caire en passant par Paris.



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Les années folles et le cabaret vont avoir une énorme influence sur la danse orientale et sur ses costumes. Elle est partout, pendant que les Little Egypt se succèdent aux états unis, Mata Hari hypnotise les foules à Paris avec une danse plus inspirée des orientalistes que de l’orient.



En Egypte, c’est la révolution :

Il y a déjà le baladi ou Beledi (BELL uh dee) signifie « mon pays », « mon village » ou « ma ville natale » en arabe. Il y a un rythme distinct de beledi ( doum taketak, doum doum taketak ) et une robe distincte de Beledi.

La robe Beledi est une longue robe longue. Fait de fibres naturelles comme le coton, il donne un look très folklorique. Faite d’un tissu transparent ou pailleté, elle offre une belle option couverte pour une performance de cabaret.

C’est en 1926 que fut ouvert au Caire par la danseuse et actrice syrienne Badia Massabni, le premier cabaret égyptien “Le Casino Opéra”. Si de nos jours c’est la forme égyptienne qui domine dans les cours et spectacles, c’est en raison de la notoriété acquise par les danseuses égyptiennes lorsque le Caire devint capitale du spectacle dans les années 1930.

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Les danseuses orientales de l’époque (Samia Gamal…) sont formées entre autres par des professeurs de ballet classique ce qui permet de fusionner une gestuelle très orientale (mouvements du bassin et du tronc) avec des mouvements mieux adaptés à des spectacles de scène (déplacements, arabesques, tours…) C’est la création du raqs sharqi. La musique change aussi, ce ne sont plus que des instruments traditionnels mais aussi des envolées au violon et des influences de jazz.




Samia Gamal dans Ali Baba et les 40 voleurs où elle partage l’affiche avec Fernand Del.

Au niveau du costume, c’est le début des strass et des paillettes; les jupes deviennent taille haute, fendue sur la cuisse et peuvent être portée avec des chaussures à talons. La ceinture turque est en pointe devant et derrière. Le soutien turque a des franges sur la coque et sont très longues.

La ceinture égyptienne est large sur les fesses, fine devant.

Le soutien égyptien n’a des franges qu’au milieu, entre les sein, qui cachent un peu le ventre ou non

Dans tous les films égyptiens de l’époque, il y a une danseuse. C’est autant une expression artistique qu’une revendication. C’est véritablement l’âge d’or de la danse orientale en Egypte.


Ce mouvement perdurer jusque dans les années 80 avec des danseuses comme Fifi Abdou avant d’être rattrapé par une application plus stricte de la religion. Maintenant, la danse a quasiment disparu en Egypte. Seules des étrangères dansent publiquement pour d’autres étrangers dans les lieux touristiques. Les danseuses sont obligées de se couvrir le ventre avec au moins un body couleur chair, coloré, ça passe mieux encore. Dans d’autres pays, moins stricte, les danseuses sont toujours très importantes. Au Liban, il y a une grande profusion d’artistes et la Turquie recèle de véritables joyaux : une magnifique danseuse : Didem et un super atelier de costumes : Bella.


Les costumes de danse orientale sont le summum du strass et des paillettes et du glamour rétro, c’est kitsch et ça brille. Ils sont voyants comme tout et ressortent un max ce qui est génial chez eux pour être vu de loin. Ils sont très visibles à partir d’une scène et mettent en valeur et affichent tous les mouvements d’un danseur de façon assez merveilleuse. Et les costumes sont construits pour durer. Les soutien-gorge et les ceintures sont tous deux faits de gros tissus lourdement raidi et recouvert de tissu décoratif, lui-même recouvert de paillettes, de perles, de pierres, d’appliques pailletées et parfois frangées et enfin de franges perlées.




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Avec toute cette décoration extrême et la robustesse des costumes vient la difficulté de les modifier et une note d’inconfort plutôt élevé. Ils pèsent beaucoup, ne donnent pas ou ne plient pas avec le corps et ont tendance à s’accrocher partout.

Les ceintures sont généralement construites d’une seule pièce avec une fixation latérale. Si l’ornementation est symétrique, la ceinture doit être découpée et reconstruite pour être modifiée.

Bref, si c’est pas du sur mesure, on est mal. En Turquie, un costume professionnel sur mesure coûtent entre 500 et 1000

euros.

Fifi Abdou, star des années 80 en Egypte.


Parallèlement, on trouve des costumes plus légers, des jupes en voiles et des ceintures à nouer, des robes découpées où les incrustations décoratives sont cousues directement sur le vêtement. Plus souple, moins chargé, plus adaptable et tout aussi raffiné mais un peu moins cher.



Il était une fois dans l’ouest :

Le cinéma des années 50



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On ne peut pas évoquer les costumes de danse orientale sans faire un petit tour par l’influence hollywoodienne. A Los Angeles, ce qu’on ne sait pas, on l’invente et ce qu’on invente est copié dans le monde entier et devient si ce n’est la vérité, au moins une vérité. Tout comme les orientalistes du 19ieme, le cinéma va fantasmé le costume de danse orientale avec des actrices comme Debra Paget dans les dix commandements, le tigre du Bengale ou encore le tombeau hindou.






– Las Vegas, Elvis, Debra Paget


Les Salimpour


Aux états unis, la danse orientale évoluer de façon tout à fait indépendante sous l’influence des Salimpour.

Précurseure de la danse orientale tribale, Jamila Salimpour débuta sa carrière d’artiste à l’âge de 16 ans dans le cirque Ringling Brothers comme danseuse acrobatique. Elle étudia la musique et la danse orientale et en 1974 commença à se produire dans des évènements culturels (genre fêtes renaissances, l’équivalent de nos fêtes méd.) et des clubs de Los Angeles et plus tard de San Francisco où elle créa le cabaret Bagdad.

Elle commença à enseigner en 1952, développant une méthode unique d’écriture et de terminologie de ses mouvements; En 1969 elle créa la première troupe de danse tribale de la Côte Ouest, Bal Anat, en se produisant avec les 40 membres de la compagnie

Les Salimpour font passer la danse orientale, spontanée et improvisée à une danse académique et chorégraphiée. Elles essuient de nombreuses critiques aussi car elles figent un art de façon arbitraire.


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Au niveau du costume, les années 70, c’est le retour aux sources : tissus traditionnels comme les assuits peintures faciales et corporelles qui rappellent les tatouages et le henné, jupe gypsy, pièces métalliques, pompoms, petits miroirs brodés, coiffe fleurie, tout est fait pour rappeler les origines tribales de la danse dans un essai de reconstitution historique couplé aux revendications féministes et new age du féminin sacré.


Les fusions



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Les fusions se font aussi bien au niveau de la musique, de la chorégraphie que dans la construction des costumes. Le principe est de garder la colonne vertébrale du tribal et d’y fusionner d’autres influences. (fusion tango, fusion flamenco, fusion hip hop, fusion charleston etc). La danseuse emblématique de ce style est Rachel Brice, elle a fait des études d’ethnologie et ça influence son approche de la danse : elle arrive à meler le kathak (danse classique du Nord de l’Inde), le flamenco, la danse afro-haïtienne, la technique du Dunham (afro-américaine, danse moderne), la danse moderne et la musique électronique. De même, le costume représente cette fusion en mêlant au costume de danse orientale des éléments de l’autre danse auquel on fait référence. Le costume explose dans tout les sens, il y a autant de costumes que de fusion et autant de fusion que de danseuse, chacune étant l’aboutissement unique de la somme de ses propres influences. Le costume est donc extrêmement personnalisé.


Crédits photos : Pinterest

 
 
 

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